Thursday 19 February 2015

Management, esclavage, état servil …

Mercredi le 11 février – qui a lu N° 1637 de DirectMatin? Moi, je viens de relire. Sur la page 3, il y a un article entitré Les bons esclaves choyés – et on se demande ce que se passait avec les mauvais esclaves.

Dans l’article on cite Jerry Toner qui à Cambridge vient de publier un ouvrage (le titre n’en est pas donné dans l’article) selon lequel la façon dont les Romains traitaient leurs esclaves pourrait servir de modèle de management. Comme étudiant surtout des langues classiques (quoique sans diplôme finale, ni licenciat, ni baccalauréat, ni doctorat, juste des thèses intermédiaires, un sur Opus de Conscribendis Epistolis par Érasme, et un petit compilat sur l’histoire de la Lituanie jusqu’à l’union avec la Pologne), je sais quelque chose sur cette idéologie esclavagiste, formulée par Caton et Columelle entre autres (surtout eux, il me semble – d’ailleurs ils ont dans les mêmes ouvrages donné d’autres conseilles aussi, il s’agit des livres sur l’agriculture). Oui, les bons esclaves, et ça implique d’abord qu’ils étaient en position de se faire remarquer comme bons, par exemple pas esclaves des champs mais esclaves de maison, ils étaient peut être exactement choyés – mais pas libres. Ceux qui n’étaient pas bons, ceux qui n’étaient pas en position de se faire remarquer comme tels, ils étaient nettement moins choyés.

Je crois que la rédaction a fait un bon choix de montrer une image de film avec un esclave des navires (entre ses « potes ») – une punition que Louis XIV trouvait bon pour des criminels comme la Religion Prétendument Réformée et ses adhérents, mais pas pour des hommes libres et innocents, ni pour les serfs qu’il y avait encore un peu jusqu’à la Révolution, ni pour des valets qui n’étaient pas bons. Je crois que le Grand Siècle avait davantage d’humanité que l’Empire Romain, surtout dans l’époque païenne (quand Columelle, Caton et leurs homologues n’étaient pas encore tempérés, peut-être même pas de Cicéron encore, et certes pas par le Christianisme).

Jerry Toner argumente que les esclaves étaient des ressources humaines, des investissements, dont la mauvaise traitance amoindrissait la valeur du patrimoine … les patrimoines étaient d’ailleurs plus souvent le cas, que les entreprises non agricoles. En plus, davantage on a de ressources, moins chacune vaut en comparaison avec les autres ensemble. Mais avec certaines ressources, on peut être cynique – par exemple si la ressource est déjà mauvaise au départ ou si elle s’est empirée depuis. Surtout si on s’en peut débarrasser. En plus, comme le note Chesterton à une époque où on faisait le même cas en faveur des entrepreneurs y compris des plus grands : le fait de gâcher une valeur monétaire en traitant quelqu’un de manière mauvaise n’a pas empêché l’homme dans son état déchu de l’avoir fait, et même assez souvent quand même. Si on a du pouvoir sur les hommes et si on a d’argent – lequel entre les deux valorise-t-on davantage ? À moins d’avoir assez peu d’argent, c’est normalement le pouvoir. Comme on s’en vante presque dans les 50 Nuances de Grey … la tendance n’est pas limitée à la déviation sexuelle, consentie ou non par la victime. Il y a une déviation du pouvoir même sans directe implication sexuelle dans la victime.

Plus grandes sont les entreprises, plus elles ressemblent à d’autres choses égales, à des grandes fermes comme celles de l’Antiquité ou de l’Orient. La bonne réponse est de prôner les petites entreprises, plutôt que les grandes. Ce qui n’est pas le sens de la « loi » Macron, hélas. Plus il y a de variation véritable entre les entrepreneurs, plus il est facile d'avoir une petite entreprises, moins il y a employés parmi les non-chômeurs et plus valent les employés qu'il y a.

Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
Jeudi après Mercredi de Cendres
19-II-2015

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