Tuesday 10 April 2018

Y a-t-il des secrets à garder à jamais?


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Pour des gens particuliers, dans cette vie, oui, il y a des secrets à garder à la mort ou au-delà. Il y a des secrets qu'ils ne doivent pas révéler d'eux-mêmes ou d'un autre, par exemple un crime dont la punition légale ne conférerait rien à l'amélioration des mœurs ou à la pénitence déjà faite.

Pour le monde, non. Il n'y a pas de crime habituelle qu'on devrait s'habituer à taire pour qu'il puisse continuer dans son habitude et aller d'un criminel à un autre, tous impunis par le secret.

Il n'y a pas non plus de secret trop bon que Dieu aurait révélé mais pour lequel le monde ne serait pas prêt. On ne peut pas dire "certes, je vois dans le catéchisme que c'est mal de faire la contraception, mais les gens sont tellement habitués à la faire qu'il vaut mieux taire qu'on soit contre". Et on ne peut pas non plus dire "certes, je vois dans l'histoire de l'église (ou de mon pays) que le mariage a eu pour âge minimum l'âge moyen de la puberté, mais aujourd'hui on ne peut pas le dire à ceux qui sont en dessous de 18, la nouvelle serait trop bonne pour eux".

La vérité est bonne à dire.

Si une telle famille avait la prétention de descendre de Jésus-Christ et de Sainte Marie Madeleine, je croirais moi-même plutôt à un malentendu qu'à l'idée traitée et reprise mainte fois dans le roman de Dan Brown. Par exemple un malentendu connexe au lévirat (Deutéronome 25,5-10): une telle (peut-être la Madeleine) aurait été désignée comme veuve (dans le sens de fiction juridique pour rendre le lévirat opérable pour un homme décédé sans avoir été marié, appliqué après la Crucifixion et sur un non-croire ou une "observance quand même" vis-à-vis la nouvelle de la Résurrection). Ensuite, un frère (dans le sens juridique exacte plus vaste que juste frère d'une même mère et d'un même père, voir le livre de Ruth) aurait épousé cette veuve (et si c'était la Madeleine et qu'elle voulut garder la virginité redonnée miraculeusement, elle aurait aussi pu donner une servante au mari, voir Agar faisant la remplaçante pour Sarah - ou ça aurait pu être une autre que la Madeleine ...) Si telle ou telle famille aurait une telle histoire (y compris mal comprise, selon un scénario à la Dan Brown, pour ainsi dire, mais j'y reviens), d'un côté, elle ne serait ni obligée à taire le fait, ou supposé tel, ni les preuves ou supposées telles, d'un autre côté une telle origine n'aurait pas pour conséquence du tout qu'elle aurait un droit de diriger l'église ou y imposer un quelconque culte du Féminin sacré ou de la Déesse ...

De ce fait, l'idée que l'église aurait essayé pendant des siècles à étouffer un secret tellement lourde qu'il pourrait la détruire est une idée démente (quoique pas nécessairement d'une personne démente).

Et de ce fait s'ensuit qu'un "Prieuré de Sion" n'aurait aucun droit à imposer des sacrifices que ce soit pour la sécurité d'une telle famille ou pour celle de l'église ou du monde, que ce soit pour préserver intact un secret ou que ce soit pour le faire taire. Une telle société n'a surtout pas un quelconque droit de disposer de qui que ce soit du fait (réel ou supposé) qu'il soit porteur de ce genre (ou autrement) d'un "Sang Réal".

S'il y a des grands-parents qui, en outre de tenir certains secrets lourds à l'écart de leurs petits-enfants, veulent aussi mentir pour les protéger, ce n'est ni à une société secrète comme le supposé Prieuré de Sion de garder le mensonge jusqu'au moment prévu par le grand-parent pour le révéler, ni d'imposer à un petit-enfant de croire ce que le grand-parent aura considéré comme la vérité.

C'est dans le roman de Dan Brown déjà faux - si c'est ce qu'il fait, on y retournera - de souscrire à "La Denière Tentation de Jésus-Christ", de souscrire à la thèse de Baigent et d'autre : mais c'est encore plus faux de peindre un monde dans lequel les destins humains sont faits et défaits par des sociétés secrètes, à peu près comme Silas dépend de son Maître. Et c'est surtout faux de laisser une telle société guider votre destin. Comme c'est faux de laisser votre horoscope guider votre destin.

On veut bien se réjouir que Sophie Neveu échappe à Silas comme à Teabing, qu'elle revoit sa grand-mère à Rosslyn.

Mais ce qui m'irrite à propos cette fin est que, en ce faisant, elle aura fait parti de son destin en obéissance à cette monstruosité qu'est le Prieuré de Sion.

Ce genre de machination ressemble trop à ce que les grands conspirateurs, telles les Illuminati, sont censés faire avec les éducations de leurs lignées sataniques de "sang royal". Pour ma critique de Da Vinci Code, peu importe su les Collins ou les Astor font ce genre de trucs ou non, ce qui importe est que, au-delà des blasphèmes et hérésies sur Notre Seigneur dans la bouche des deux héros, le roman banalise ou presque héroïse le comportement de Jaques Saunière et Marie Chauvel envers Sophie Neveu comme envers son frère.

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Parmi Catholiques et en général Chrétiens, Da Vinci Code est connu pour "affirmer" un mariage entre Notre Seigneur et Sainte Marie Madeleine, ainsi qu'une lignée de Mérovingiens qui en descendrait, de ce mariage.

Or, cette arrière-histoire se trouve dans la bouche de Robert Langdon, dans la bouche de Leigh Teabing, dans la bouche de Sophie Neveu.

Elle ne se trouve pas dans la narration de l'auteur. Il y a une convention, on pourrait presque dire un code selon lequel les présupposés des héros (dont Langdon et Neveu), surtout s'ils sont pertinants pour l'action et non retirés, sont aussi ceux de l'auteur. Selon cette convention là on peut interpréter le roman comme affirmant cette contrevérité, cette négation de pureté virginale restée chez Notre Seigneur et restauré par miracle chez la Madeleine.

Par contre, la convention n'est pas une preuve des convictions de l'auteur. Il est possible que Dan Brown joue avec cette idée, veut des réactions et note avec une certaine autosatisfaction combien des Catholiques ont simplement présumé qu'il préconise la thèse de par exemple Baigent. Combien peu ont noté qu'il ne l'a pas prise "dans sa propre bouche".

Un Catholique n'est pas généralement censé croire des romans proposés comme divertissement comme si c'était la vérité historique. Mais si un Catholique aurait la naïveté de le faire ... tous les événements entre le meurtre de Saunière et la réunion à Rosslyn, même entre l'accident de voiture (réel ou inventé pour protéger les enfants) et l'épilogue quand Langdon s'agenouille dans le Louvre pourraient être réels sans que ça changerait rien au dogme catholique. Ce seraient des gens qui se trompaient, mais qui, pour d'autres raisons peuvent intéresser au lecteur.

Tout comme on peut lire l'Odyssée comme un monument historique (le genre me paraît plus proche de docufiction que du roman purement inventé), sans de croire qu'Ulysse aurait rencontré Polyphème (quoique, je n'exclus pas ce rencontre non plus): il suffirait qu'il ait raconté ce rencontre à Nausicaa et à son père chez les Phéaques. Si c'était un mensonge, il nous avertit qu'il est capable de mentir, comme il prétend avoir fait pour que Polyphème maudisse Personne.

Et même si Dan Brown croyait cette histoire de Baigent, il est possible de lire le roman en la méprisant pour une vraie histoire, mais dont le raconteur se trompe sur l'explication : comme Homère ne savait pas quel Dieu gère vraiment avec Providence, pour important que la Providence soit dans l'Odyssée.

Mais en fait, Dan Brown ne nous montre jamais par example Yolande de Bar (en vraie une descendante de Saint Louis IX) en train de mettre son nom sur la liste des Grands Maîtres du Prieuré de Sion. Cette liste, pour réel comme objet en parchemin et réellement caché en deux cryptex - en deux cryptices, dirais-je comme latiniste - pourrait tout aussi réellement être un faux.

Normalement ce seraient les adhérents d'une réforme protestante ou de la franc-maçonnerie, capables à imaginer que la vérité biblique soit caché et redécouverte par la "cryptographie" de Luther ou que la tradition de Hiram Abiff soigneusement caché jusqu'en 1717 soit ensuite confié avec certitude à tous frère ayant été apprenti, ce serait à eux de croire et de prétendre qu'un telle parchemin serait une preuve, à supposer que l'histoire n'était pas un roman. Moi non. Si je l'avais vu de mes yeux, je n'aurais quand même pas conclu que les Templiers étaient héritiers de ce genre de secret ou une façade pour un prétendu Prieuré de Sion.

Hans Georg Lundahl
Cergy
Ézéchiel Prophète*
10.IV.2018

* Apud Babylonem sancti Ezechielis Prophetae, qui, a Judice populi Israel, quod eum de cultu idolorum argueret, interfectus, in sepulcro Sem et Arphaxad, Abrahae progenitorum, sepultus est; ad quod sepulcrum, orationis causa, multi confluere consueverunt. (Si mes calculs sont justes, le tombeau de Sem devrait être du paléolithique supérieur, juste avant le mésolithique, celui d'Arphaxad au temps de Göbekli Tepe).

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